La Côte d’Ivoire est une ancienne colonie française.
En 1842, les français prennent la zone lagunaire au sud. La colonie de Côte d’Ivoire est créé en 1893 et est rattachée à l’Afrique Occidentale Francaise (AOF) en 1904.
Durant toute cette période jusqu’en 1914, les français ont entrepris la conquête du pays. Mais ils se sont heurtés à une forte population résistante et à Samory Touré, surnommé « le Napoléon de la savane ».
En 1934, Abidjan devient la capitale du pays, après Grand-Bassam et Bingerville. A cette époque, était menée une colonisation dure où le travail forcé était important.
En 1946, comme dans la plupart des colonies françaises, la Côte d’Ivoire devient territoire d’outre-mer puis République autonome en 58. En 1960, elle proclame l’indépendance. Félix Houphouët Boigny devient Président. Il mena une grande politique économique, ce qui permit au pays de se développer (le « miracle ivoirien ») mais resta fidèle à une coopération française.
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Explication : Felix Houphouet Boigny
Félix Houphouët Boigny est né à Yamoussoukro en 1905. Médecin de formation, il devient leader des planteurs ivoiriens qui étaient victimes d’un système colonialiste favorable aux planteurs Blancs. Il fonde en 1946 le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), parti précurseur de l’anticolonialisme panafricain. Il préside le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), section ivoirienne du RDA.Elu à la Chambre des députés à Paris, il fait voter une loi pour l’abolition du travail forcé. Il occupe par la suite plusieurs postes ministériels en France sous la IVème République.
Mais il vira de bord et s’entoura de conseillers français. Il est élu Président de la République en Côte d’Ivoire en 1960 et y resta jusqu’en 1993, malgré une opposition croissante.
Ami de Foccart, il élimina toute opposition politique et pilla son pays. Sa fortune colossale était estimée à 60 milliards de francs français. Parallèlement, le pays battait le record mondial de l’endettement par habitant.
Mais son pouvoir, même s’il portait les symptômes d’une dictature, était moins atroce que les autres dirigeants africains de l’époque (Mobutu, Sassou Nguesso…).
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Suite :
Cependant, une grave crise politique et sociale, due notamment à la montée du chômage et à l’endettement du pays, conduit la Côte d’Ivoire à s’ouvrir au multipartisme en 1990. En 1993, Boigny décède alors qu’il n’avait pas terminé son mandat. Conformément à la Constitution, Henri Konan Bédié (alors Président de l’Assemblée Nationale) le succède jusqu’aux prochaines élections.
En 1995, les élections présidentielles aboutissent à la victoire de Bédié. Celui-ci, pour gagner ces élections, avait mené une politique hautement xénophobe, en développant le concept de l’ivoirité, écartant ainsi son concurrent Alassane Ouattara (1er Ministre sous la présidence de Boigny), né en Côte d’Ivoire mais de parents burkinabés.
Sous ces conditions, Ouattara refuse de se présenter et appelle au boycott. L’abtension était élevé et Bédié a été élu avec 96 % des voix.
Explication : La xenophobie et le principe de l'ivoirite
Dans les annees 60 et 70, au temps du 'miracle ivoirien', Houphouet Boigny accueilli une importante communaute etrangere pour le travail, principalement venu du Burkina Faso (ils representent la moitie de la population etrangere aujour dhui) et du Mali. Comme ils etaient nombreux et donc interessants au niveau politique, Boigny proceda a une vague de naturalisation pour leur permettre de voter entre autres.
Selon Boigny, 'la terre appartient a celui qui la met en valeur'. De ce fait, beaucoup d etrangers s installerent surtout a l'ouest du pays cultiver la terre.
Dependant avec l arrivee de la crise economique dans les annees 80, beaucoup de gens ont pense que le 'seuil de tolerance' etait depasse. S ensuivent querelles sur la propriete des terres, et sur la montee des fausses pieces d identite.
Les etrangers seront alors soupconnes d etre des faussaires infiltres dans les affaires ivoiriennes. Le Burkina et le Mali seront accuses de chercher a s approprier les richesses ivoiriennes par l intermediaire de leurs expatries et de leur leader : Alassane Ouattara. Son parti, le RDR sera percu comme le parti des etrangers alors que la plupart des membres sont ivoiriens.
L amalgame sera vite etabli entre reels etrangers et les ivoiriens venant du nord du pays, car portant les memes noms, etant de memes ethnies et partageant la meme religion.
Ainsi, il est alors facile de faire des oppositions entre nord (musulmans) et sud (chretiens), musulmans et chretiens et etrangers et ivoiriens.
Quand Bedie arrive au pouvoir, il va developper cette doctrine sur l ivoirite. Une doctrine qui explique que pour etre ivoirien, il faut etre de 'souche multiseculaire', cest a dire que tes ancetres doivent etre sur le territoire ivoirien depuis des siecles. Principe illogique puisque la Cote d Ivoire a theoriquement tout juste un siecle (en 1904).
Suspectes de ne pas etre completement ivoiriennes, les populations du nord (puisque plus recemment immigrees que les autres ethnies du pays), sont mises en situation de faiblesse.
Bedie va entretenir la montee de la zenophobie en manipulant les peurs et jalousies entre Nord et Sud.
Au nom de l ivoirite, les etrangers sont chasses de leur plantation.
Au nom de l ivoirite, beaucoup d ivoiriens du nord deviennent des sans papiers dans leur propre pays (probleme pour differencier les fausses cartes d identite des vrais, car memes noms de famille).
Au nom de l ivoirite, beaucoup d ivoiriens et etrangers se retrouvent licencies.
Cest ici que se trouve la racine de la violence ivoirienne actuelle. Cette phobie anti musulmane et anti etrangere va augmenter au fur et a mesure que la politique va se degrader.
-> La population immigree represente aujourd hui 26 % de la population totale. A titre de comparaison, en France, on compte 7,4 % d immigres.
Suite :
Un coup d’Etat organisé par le général Robert Gueï destitue Bedie en décembre 1999, procurant un soulagement dans la population.
Ce soulagement sera de courte durée car Gueï ne réussit pas à résoudre les problèmes sur les conditions d’éligibilité à la présidence. De plus, ayant promis de rendre le pouvoir à des civils, il se présenta quand même aux élections de 2000.
Lors de ces élections, Gueï arrive a ecarter tous ses opposants (Bedie avec le coup d Etat, et Ouattara les conditions d eligibilite) mais doit s’affronter à Gbagbo, leader de l’opposition. Ce dernier remporte les élections et devient Président de la République. Ces élections se sont déroulées dans des conditions « calamiteuses » (paroles de Gbagbo) : boycott des votes (par les partisans de Ouattara), fraude électorale de Gueï, charnier de Yopougon…
Explication : La fraude electorale et le charnier de Yopougon
Le 22 octobre 2000, alors que le premier tour des elections vient juste de passer, Guei fait interrompre le calcul des voix. Les premiers resultats etaient en faveur de Gbagbo.
Le 24, on annonce la victoire de Guei.
Cette fraude a aussitot ete denoncee par Gbagbo, qui va appeler les gens a protester dans les rues. La foule se fait tiree dessus par la milice de Guei.
Le 25 octobre, plusieurs milliers de personnes de tous bords politiques envahissent les rues proclamant le depart de Guei.
Le meme jour, les depouillements des voix reprennent et se terminent : Gbagbo est choisi comme President.
La voix du peuple a gagne, cependant la liaison des gens contre Guei ne durera pas longtemps. Les pro Ouattara refuse la victoire de Gbagbo, et les partisans de ce dernier leur ont promis alors la guerre !
Ce meme jour, le 25 octobre, a Abobo (un ghetto similaire a Yopougon), des gendarmes pro Gbagbo ont fait irruption dans les cours des familles et ont emmenes sans dsitinction des militants, des jeunes dioulas (peuple au nord du pays), et des immigres burkinabes, maliens et guineens dans le camp de gendarmerie d Abobo.
Mais dans l apres midi, une bagarre eclate entre un lieutenant et un vieux chef de famille dans sa cour. Le gendarme a ete tue. Lorsque la nouvelle est arrivee au camp, la gendarmerie a decide d abattre tous les prisonniers pris dans la matinee.
La plupart ont ete tue, les autres ont ete obliges d emmener les corps et de les jeter dans un terrain vague de Yopougon ou ils se feront mitrailles a leur tour.Le 27 octobre, un charnier de 57 corps sera decouvert a Yopougon.
L'n des deux seuls rescapes explique : 'J ai ete arrete le jeudi 26 octobre vers 16h alors que je me trouvais chez des amis en train d ecouter du rap a la radio. Les gendarmes nous ont tous fait sortir et ont verifie nos cartes d identite. J ai ete arrete avec 7 autres personnes et nous avons ete conduits au camp de gendarmerie d Abobo. La, on nous a abattu et tire dessus. Beaucoup de detenus ont ete tues. On m a demande a moi et aux quelques autres personnes qui n avaient pas ete tuees de transporter les cadavres dans un camion. A la tombee de la nuit, on nous a conduit dans un terrain vague a Yopougon et on nous a demande de decharge les cadavres. Moi, je me suis jete a terre et j ai fait le mort. Une fois tous les cadavres decharges, les gendarmes ont demande aux detenus qui avaient decharge les corps de s asseoir et ils les ont tous cribles de balles.'
A la fin de ces elections presidentielles, les morts seront au nombre de 200 (avec autant de blesses).
Suite :
C’est dans ce climat fragile qu’une tentative de coup d’Etat éclate en 2002. Gbagbo reste Président mais le pays est coupé en deux et le nord est occupé par les rebelles (les mêmes militaires que ceux de 99). Ces derniers souhaitent la baisse de la xénophobie et l’éligibilité de Ouattara.
Une guerre civile éclate et les accords de paix de Marcoussis (ville en region parisienne) en 2003 n’arrêtent pas les affrontements. Il y aura beaucoup de massacres du style 'charnier de Yopougon' mais du cote inverse en 'memoire' du massacre de Yopougon.
La fin de la guerre est officiellement declaree en juillet 2003.
L armee francaise (operation Licorne) intervient depuis 2003 mandate par l ONU. Mais l annee 2004 sera tres tendue (avec des manifestations pacifiques reprimees par les milices de Gbagbo faisant plusieurs centaines de morts), et surtout avec l implication directe de l armee francaise en novembre 2004 (tir a balles reelles sur la foule de manifestants, apres la destruction d avions militaires ivoiriens).
Un gouvernement de transition chargé de préparer les nouvelles élections est mis en place. Mais le processus de paix est long et les deux bords commettent chacun de leur côté des exactions.
En octobre 2005, les élections n’ont pas lieu (tous les 5 ans), ni en octobre 2006.
Début 2007, Guillaume Soro, chef des « rebelles » (rebaptisés Forces Nouvelles) devient Premier ministre, aboutissant ainsi à une « cohabitation » du gouvernement en place et de l’opposition.
2009 : elections prevues en novembre, apres 4 annees de tentatives ratees. Gbagbo et ses partisans sont les profiteurs de cette situation car il est toujours au pouvoir.
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Houphouët Boigny était un fidèle ami de Foccart, un grand pilier de la 'francafrique'. Sous sa présidence, il a emmagasiné des sommes considérables alimentant en partie les réseaux françafricains.
En matière de politique extérieure, Boigny a soutenu les guerres du Biafra et du Liberia, et a aussi aidé dans l’affaire de l’assassinat de Sankara, ancien Président burkinabé.
Lorsque Bédié était au pouvoir, la France a soutenu le coup d’Etat de Gueï dont le but était de mettre au pouvoir Alassane Ouattara, homme politique de droite, ancien haut fonctionnaire du FMI.
Aux élections de 2000, le résultat de Gbagbo est une surprise pour la France. Gbagbo, étant socialiste, est un ami de Lionel Jospin. Et ce dernier étant à l’époque 1er Ministre, il le soutient.
Mais lorsqu’en 2002, après les élections françaises, le gouvernement devient un gouvernement de droite avec Raffarin à sa tête, un coup d’Etat éclate comme par hasard la même année, dont le but là encore était de porter Ouattara au pouvoir.
L’armée intervient et Gbagbo dénonce la France de soutenir la rébellion. Les milices patriotiques proches de Gbagbo (qui soutiennent aussi le concept xénophobe de l’ivoirité) effraient les ressortissants français, dont les attaques de novembre 2004 constituent le summum.
A l’inverse, Gbagbo continue à signer des contrats juteux avec les multinationales françaises. Ainsi, Gbagbo joue à « je t’aime moi non plus » en étant à la fois mi ami, mi ennemi de la France.
J ai connu Sylla en aout 2002, soit un mois avant la tentative du coup d Etat. Depuis cela les mois qui ont suivi ont ete tres tres difficiles. Parfois il se passait des jours, voire meme semaines sans nouvelle, alors que le pays etait a la une des journaux francais (racontant des mensonges au passage). Et moi parfois, je m imaginais le pire car tout pouvait arriver a cette epoque la : simple barrage routier avec controle de papier et tu pouvais etre assassine..
Mais il a toujours reussi a me contacter meme lorsqu il y avait les couvre feux...
Il y a les sequelles de la guerre ici ou la dans la vie quotidienne. Anderson a par exemple une de ses mains completement defiguree (Saile m avait dit qu il faisait partie de la milice patriotique de Gbagbo).
Mais les gens veulent surtout passer a autre chose.
Et meme attendre les elections depuis 5 ans maintenant, ca devient du ridicule. On verra en novembre prochain.
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